Dr Hughes - Avis Médical Indépendant
État | Perte auditive |
---|---|
Date de production | 14 janvier 2004 |
Nom du médecin | Marylou N. Hughes, M.Sc., Aud(C) |
Vous trouverez ci-joint mes réponses dans l’ordre correspondant aux questions numérotées, pour faire suite à la demande de renseignements supplémentaires présentée dans votre lettre du 19 décembre 2003.
1) Pour pratiquer au Canada, les audiologistes doivent être titulaire d’au moins un diplôme universitaire de second cycle afin d’obtenir la certification et d’être reconnu par l’Association canadienne des orthophonistes et audiologistes (ACOA).
Même s’il n’existe pas d’ensemble de normes documentées pour évaluer la fiabilité des réponses, en tant qu’audiologistes, nous sommes tenus d’avoir recours au plus grand nombre de procédures possible, car plus nombreux sont les tests employés, plus un jugement exact de leur fiabilité peut être posé, ce qui ne peut se faire si les audiologistes se basent sur un seul test.
Les procédures de base habituelles pour l’évaluation diagnostique complète de tout individu, ancien combattant ou non, ciblent les seuils de conduction aérienne et osseuse, les seuils d’intelligibilité, les scores de reconnaissance des mots et l’impédancemétrie, qui comprend les tympanogrammes et les réflexes stapédiens. Une fois combinés, tous ces éléments permettent d’établir si les diverses procédures concordent entre elles ou pas, et servent ainsi à déterminer leur niveau de fiabilité.
2) Une évaluation diagnostique est une évaluation exhaustive utilisant le plus grand nombre de procédures de tests possible afin de déterminer non seulement la présence d’une perte auditive, mais aussi sa nature. Elle aide également à définir les besoins en matière d’adaptation ou de réadaptation ainsi que la nécessité d’une intervention médicale. Le dépistage auditif, quant à lui, est simplement un outil servant à indiquer la présence ou l’absence d’une déficience auditive.
Étant donné que les résultats de l’évaluation de 1975 indiquent seulement les seuils de conduction aérienne, je conclurais que celle-ci a été utilisée comme outil de dépistage.
En ce qui a trait à la fiabilité, cela dépend de l’expérience de l’audiologiste ou de l’examinateur dans l’interprétation de la façon dont le patient réagit. Personnellement, j’estimerais que ce dépistage présente une certaine fiabilité en ce sens qu’il y a une déficience auditive bilatérale évidente et que la perte auditive est similaire pour les deux oreilles.
La seule raison qui justifierait son utilisation à des fins de comparaison avec les deux autres audiogrammes serait qu’il montre la présence d’une perte auditive dans les hautes fréquences.
3) Dans l’audiogramme de 1975, seuls les seuils de conduction aérienne étaient évidents. Cela nous indique qu’il existe bel et bien une déficience auditive (oreille droite à 3000 jusqu’à 8000 Hz / oreille gauche à 2000, 4000, 6000 et 8000 Hz). Cependant, l’audiogramme ne révèle pas la nature de la perte (c. à d. de transmission, mixte, neurosensorielle); une évaluation de la conductivité osseuse permettrait de la déterminer.
Les seuils d’intelligibilité et la reconnaissance des mots aident également à confirmer la nature et le degré d’atteinte estimé, ainsi que la fiabilité des résultats. Bien que les personnes présentant une perte auditive de transmission puissent nécessiter un niveau de présentation plus élevé pour l’audiométrie vocale, elles atteignent généralement un score situé entre 96 % et 100 %. Par opposition, chez les personnes présentant une perte auditive mixte ou neurosensorielle, la reconnaissance des mots peut être réduite, tout dépendant du degré de la perte et des fréquences touchées : les pertes auditives dans les fréquences élevées se traduisent par des scores plus bas.
L’impédancemétrie comprend généralement la tympanométrie et la recherche des réflexes stapédiens. Un tympanogramme est un graphique représentant la compliance et l’impédance de l’oreille moyenne, ce qui permet d’évaluer la nature d’une déficience auditive, selon la présence ou l’absence d’atteinte d’une composante de transmission. L’impédancemétrie permet aussi de diagnostiquer les troubles de l’audition centrale et périphérique, ainsi que, dans une certaine mesure, le degré de la déficience auditive.
4) Chaque fois qu’une évaluation audiométrique doit être effectuée, il faut réduire ou éliminer le bruit ambiant. Dans un environnement clinique, les audiologistes travaillent habituellement dans une cabine insonorisée.
La présence de bruits de fond pendant les tests peut augmenter les seuils (rendre la perte auditive plus prononcée), en particulier dans les basses fréquences comme les gammes de 250 et de 500 Hz, car le bruit masque le signal sonore de l’essai.
Toutefois, à en juger par la valeur des seuils, notamment à 250 Hz, je dirais que le bruit ambiant lors de l’évaluation de 1975 était relativement bas.
5) Les audiomètres cliniques donnent habituellement des mesures à intervalles de 5 dB, mais les audiomètres numériques ou employés pour la recherche peuvent enregistrer des variations au décibel près. À mon avis, il ne s’agit que d’une question de format, et l’incidence sur les résultats du test est négligeable. Le type d’audiomètre n’influencerait pas de manière significative ma lecture d’un audiogramme.
En résumé, je peux vous assurer que, même si les documents reçus provenaient de deux sources distinctes, j’ai effectué une évaluation indépendante présentant uniquement les faits que je pouvais corroborer en tant qu’audiologiste ou qui pourraient être confirmés par tout autre audiologiste formé au Canada.
Bien que je cite les lignes directrices d’Anciens Combattants Canada dans ma soumission initiale, celles-ci servent uniquement de préambule à mes opinions. Rien dans ces lignes directrices ne diffère des procédures habituelles suivies par les audiologistes de l’ensemble du Canada lors de l’évaluation d’un patient, qu’il s’agisse ou non d’un ancien combattant.
J’ai reçu, de la part de N. Hobson, les « opinions et preuves » d’autres audiologistes, mais leurs interprétations n’ont eu absolument aucune incidence sur mon évaluation des données audiométriques. En effet, j’ai retranscrit les données indiquées dans chaque évaluation sur mes propres fiches audiométriques de sorte de ne pas être influencée par les différents formats utilisés et de me fier exclusivement à l’information enregistrée.
En ma qualité d’audiologiste, j’accepterais l’évaluation de 1975 comme un outil de dépistage fiable, mais seulement pour déterminer la présence d’une déficience auditive (oreille droite à 3000 jusqu’à 8000 Hz / oreille gauche à 2000, 4000, 6000 et 8000 Hz).
La déficience auditive repose sur le degré et le schéma de l’atteinte. L’étiologie d’une perte neurosensorielle ne peut être déterminée à partir d’un audiogramme seulement, même si certaines causes produisent effectivement des tracés audiométriques assez typiques. Par exemple, une perte auditive induite par le bruit – c’est à dire l’exposition à un bruit extrême pendant de longues périodes résultant en une perte auditive permanente – se reflète habituellement sur l’audiogramme, où elle correspond à la plus importante perte auditive survenant dans les environs de 4000 Hz, parfois accompagnée d’une certaine récupération aux fréquences plus élevées (Audiology, 5th édition – Hayes A. Newby, Gerald R. Popelka). Sur la base de cette information, je me hasarderais à dire que l’évaluation de 1975 suggère une possible perte auditive induite par le bruit. Cependant, les personnes pour lesquelles le dépistage révèle une déficience auditive doivent être aiguillées en vue de se soumettre à une évaluation diagnostique complète qui permettra de déterminer avec certitude la nature exacte de la perte et les besoins en réadaptation associés.
Il ne relève pas de ma compétence, en tant qu’audiologiste, de décider si le degré de perte auditive révélée dans l’évaluation de 1975 « constitue une invalidité donnant droit à pension ».
J’espère que ces renseignements supplémentaires permettront d’éclaircir toute ambiguïté.
À l’exception du présent appel, je n’ai réalisé aucune évaluation écrite officielle pour Anciens Combattants Canada. Toutefois, par le passé, j’ai été jointe un certain nombre de fois par le Dr Winona Foster à propos de prothèses auditives et des politiques de prix dans l’Ouest du Canada comparativement aux tarifs inférieurs dans l’Est du Canada.